2 Sécurité _ théorie
L’aspect de la sécurité, lorsqu’il a trait à la marchabilité, est un élément qui est essentiel. En effet, plusieurs auteurs traitent de cet aspect en spécifiant son importance versus d’autres qualités qui pourraient être plus ou moins présentes selon les cas. Cependant, lorsqu’un environnement n’est pas considéré comme sécuritaire, ce dernier ne sera jamais dit marchable. L’aspect de la sécurité d’un environnement marchable est donc primordial et peut se subdiviser sous trois catégories : la sécurité du piéton, en ce qui concerne les aménagements, la sécurité du piéton par rapport aux circulations automobiles et le risque de crime.
La sécurité du piéton par rapport aux aménagements concerne les décisions de design de l’environnement quant aux matériaux utilisés au sol ou encore pour le mobilier urbain. Ces matériaux doivent permettre au piéton d’utiliser de façon sécuritaire tout au long de l’année ; certaines surfaces doivent être antidérapantes, par exemple, pour éviter qu’un piéton chute. Un choix de matériaux cohérent avec son usage peut également participer à la création d’un environnement sécuritaire pour la marchabilité en le rendant plus lisible (Bentley et al., 1985). En effet, l’usage continu de matériaux servant au même type d’usage permet aux utilisateurs de plus facilement identifier les éléments de design urbain, comme les traverses, les voies piétonnes ou encore les bancs.
La sécurité de piéton par rapport aux circulations automobiles est un élément très important afin que l’on puisse considérer qu’un environnement est marchable. En effet, si la voiture semble être priorisée dans un espace, le caractère sécuritaire de ce dernier diminue sensiblement. Aghaabasi (et al., 2017), dans son article, identifie plusieurs équipements qui peuvent servir à créer des environnements qui priorisent le piéton. Elle nomme, entre autres, la mise sur pied d’aménagements paysagers et la plantation d’arbres entre les voies piétonnes et les voies automobiles afin de créer un buffer entre les piétons et les véhicules. Aussi, elle mentionne la mise en place de bollards afin de signifier aux automobilistes la présence d’une traverse piétonne, mais aussi afin de créer une séparation ou encore, une coupure entre les voies. L’auteure souligne également l’importance de la signalisation et de l’éclairage. En effet, même si ces éléments peuvent paraître anodins lorsqu’on les considère à l’échelle urbaine, ces derniers peuvent faire la différence entre un environnement sécuritaire et un qui ne l’est pas.
D’ailleurs, ces éléments (principalement l’éclairage) ont un impact majeur sur le risque de crime dans un environnement. En effet, tout comme Aghabbasi (et al., 2017), Tiwari (2015) considère l’éclairage comme un élément qui influence grandement la sécurité d’un environnement surtout après la tombée de la nuit. En effet, comme elle l’indique dans son article Designing a safe walkable city, plusieurs éléments de design peuvent servir à décourager le crime dans un environnement. Cette dernière divise ces éléments en trois catégories : la territorialité, la surveillance naturelle et le contrôle d’accès. La territorialité est, en d’autres mots, le sentiment d’appartenance des utilisateurs. Ce sentiment peut être renforcé par la présence de landmarks, par exemple, ou encore de vues qui sont propres à un endroit. Ces éléments sont traités plus en détail dans la section Attractivité. Aussi, les utilisateurs sont davantage portés à être attachés à un environnement s’ils l’utilisent souvent, d’où l’importance de la mixité d’usage autant pour les bâtiments que pour les aménagements leur étant adjacents. Gehl (2012) suggère, par exemple, un overlapping des fonctions ou encore du chrono-urbanisme. Ainsi, on s’assure d’une présence constante d’utilisateur, à différents moments de la journée, et le sentiment de sécurité en est alors amélioré.
La deuxième catégorie d’éléments énoncée par Tiwari (2015) est la surveillance naturelle. C’est-à-dire que l’architecture qui délimite les rues ou les places publiques peut donner l’impression aux utilisateurs d’être surveillés. C’est entre autres par le design de façades actives, donc de façades qui ont un ratio d’ouvertures/fermetures qui laisse transparaître l’activité qui se déroule à l’intérieur ou encore par l’aménagement de rez-de-chaussée complètement ouvert. Bentley (et al., 1985) décrit cette qualité de l’environnement bâti comme étant de la variété, ou plus précisément, de la vitalité. Ces éléments de conception font office de surveillance naturelle et donc aide à la réduction du sentiment de peur des utilisateurs (eyes on the streets). Bien entendu, pour que ces éléments soient réellement utiles, la marge de recul entre les bâtiments et les voies piétonnes ne doivent pas être trop large, puisque l’effet de surveillance naturelle ne pourrait pas être ressenti et il en est de même si la densité de bâti est trop faible. En effet, la densité de bâtie doit être suffisamment élevée pour encourager les activités sans toutefois l’être trop élevée, puisqu’une densité trop forte aurait pour effet de potentiellement encourager la criminalité.
Enfin, le contrôle des accès concernerait la perméabilité de l’environnement. Cette dernière devrait être régulée de façon à donner l’accès aux bonnes personnes tout en étant aisée. La perméabilité de l’environnement permet aux piétons d’avoir vue sur un panorama plus large et donc, d’être vus par un maximum de personne. Ainsi, plus y il a de gens en un même endroit, ou dans un champ de vision donné, plus un utilisateur se sent en sécurité.