2 Sécurité _ analyse
Comme mentionné dans la section Vision & Enjeux, le campus de l’Université de Colombie-Britannique a développé un plan de politiques pour son campus. Dans celui-ci, on retrouve une multitude de réglementations concernant la sécurité sur le campus. En effet, par exemple, ils ont pour objectif de réduire la circulation automobile au maximum, d’améliorer l’éclairage et de diminuer, voire effacer les barrières piétonnes, notamment celles causées par les voies automobiles. L’analyse suivante tentera de mettre en perspective les politiques adoptées par l’Université de la Colombie-Britannique par rapport aux qualités urbaines mentionnées dans la section Sécurité du cadre théorique de ce site web.
Tout d’abord, en ce qui concerne les aménagements qui contribuent à la sécurité du piéton, UBC semble avoir accordé une attention particulière aux matériaux utilisés dans ses aménagements urbains : les pavés piétons sont hiérarchisés et conçus selon leur type (primaire, secondaire ou tertiaire) et sont ininterrompus à travers tout le campus. Bien que cette considération puisse paraître simplement esthétique, elle permet tout de même de créer un environnement plus lisible pour les usagers, et donc, plus sécuritaire. Il est également possible de constater que plusieurs assises ont été installées le long des voies piétonnes, dont plusieurs couvertes, ce qui permet à une personne à mobilité réduite ou encore une personne âgée de pouvoir s’arrêter presque n’importe où dans le secteur du cœur du campus et d’être à l’abri des intempéries. Bien que la moyenne d’âge de la population du campus de UBC ne soit pas très élevée, ces aménagements favorisent l’inclusion et la sécurité de tous sur le campus. Nous n’avons cependant pas d’informations assez précises concernant la nature des matériaux constituant les pavés et le mobilier urbain de UBC, nous ne pouvons donc pas nous prononcer sur l’utilisation de matériaux qui favoriseraient la sécurité des utilisateurs tels des surfaces antidérapantes.
Types de pavés
A Coupe rue type autour du coeur du campus
En ce qui concerne la sécurité du piéton quant à la circulation automobile, le campus a prévu, d’ici 2030, d'élargir la zone strictement piétonne du campus (le cœur) jusqu’aux routes en périphérie afin d’éliminer complètement la voiture au nord du campus. Pour l’instant, la sécurité piétonne sur le campus de UBC semble tout de même être mise de l’avant par l’installation de plusieurs dispositifs qui permettent de prioriser le piéton à la voiture. Par exemple, on retrouve à plusieurs endroits sur le campus la présence de bollards qui permettent de créer des limites entre la circulation automobile et la circulation piétonne tout en servant de signaux aux automobilistes au niveau des traverses piétonnes. Les bollards sont également utilisés afin de créer des limites entre des secteurs strictement piétons — le cœur du campus, par exemple — et les secteurs automobiles et afin de signaler des zones de débarcadère. Aussi, on observe que les voies piétonnes ne descendent jamais au niveau de la rue : c’est plutôt les voies automobiles qui s’élèvent aux passages piétons. Cette mesure permet d’assurer la continuité et la fluidité des voies piétonnes tout en servant de dispositif modérateur pour la vitesse des automobiles. De plus, comme il est possible de le voir sur la coupe du University Boulevard (A) qui représente une rue type au cœur du campus, les voies piétonnes et automobiles sont séparées par la présence de buffers végétalisés. La distance créer entre les automobiles et les usagers améliore le sentiment de sécurité et encourage la marche comme moyen de transport. De plus, les buffers plantés contribuent à l’encadrement des rues.
En ce qui a trait à la prévention du crime, UBC semble avoir pris plusieurs initiatives quant à l’aménagement de l’environnement, mais également quant aux services offerts afin de prioriser la marche : le campus offre un service de raccompagnement piéton, destiné aux usagers qui ne voudraient pas marcher seul sur le campus. Concernant les aménagements urbains, le campus semble vouloir consolider les mesures mises en place surtout pour les déplacements de soirs et de nuit puisque, selon UBC, le campus est de plus en plus vivant et actif et ce, à toute heure. En effet, un effort considérable a été déployé afin de rendre le campus marchable à toute heure du jour et de la nuit. Comme on peut le voir sur la carte des éclairages (1), une majorité des voies piétonnes du cœur du campus ont été mises en lumière. Cependant, les considérations quant à l’éclairage semblent d’abord esthétiques et ne s’étendent pas sur toutes les voies piétonnes du campus, seulement les principales. En effet, si l’on observe la carte des rayons de marche (2) positionnés au centre des pôles d’habitation du campus, on observe que seulement quelques chemins éclairer s’y rendent. Or, il est également possible de constater que les pôles d’habitation sont tous positionnés à environ cinq minutes de marche du cœur du campus, excepté les pôles 5 et 6 qui seraient davantage à une distance à pied d’environ 10 ou 15 minutes. Considérant ces derniers points, nous avons effectué une étude de cas, concernant des agressions qui ont eu lieu dans un secteur près du cœur du campus.
2 Rayons de marche
Finalement, en ce qui a trait au contrôle des accès, nous considérons que le campus de UBC a déjà une longueur d’avance due à sa position géographique. En effet, puisque le campus se retrouve pratiquement isolé du reste de la ville, il est possible de croire que la majorité des gens qui se rendent sur le campus y ont une occupation : le contrôle des accès est alors facilité. Évidemment, le campus détient tout de même quelques stratégies et qualités qui vont en ce sens tel que la lisibilité et la perméabilité du campus, qui elle sera traitée exclusivement dans la partie Perméabilité du site web. Les lignes directrices de design pour les nouveaux bâtiments du campus semblent accorder une importance significative à la lisibilité du campus. Effectivement, lorsqu’on observe l’architecture des nouveaux pavillons, on remarque la clarté des entrées et sorties du bâtiment qui sont souvent signifiées par la présence de couleurs saturées à l’intérieur et de beaucoup d’éclairage afin que l’on puisse les identifier à partir d’une bonne distance. Aussi, le devant des façades principales est souvent aménagé comme placette publique afin de signifier leur importance et ces dernières sont toujours positionnées pour donner sur la voie principale qui mène au bâtiment.
1 Éclairage
Pour ce qui est du concept de territorialité, avancé par Tiwari (2015), le campus de UBC semble posséder de fortes lignes directrices quant à l’uniformité visuelle du campus ainsi qu’à la mise en valeur de son identité. Par ces mesures, qui sont approfondies dans la section Attractivité du site web, l’Université de Colombie-Britannique contribue à créer un sentiment d’appartenance chez la population du campus. Comme mentionné dans la partie théorique, ce sentiment d’appartenance permet la réduction ou la minimisation du taux de criminalité d’un environnement.
En ce qui concerne l’aspect de la surveillance naturelle, UBC a mis en place des lignes directrices architecturales qui s’appliquent à tous les nouveaux bâtiments du campus. Parmi ces directives, on retrouve l’aménagement de rez-de-chaussée ouverts, le désir de faire transparaître les activités intérieures à l’extérieur ainsi que la création de pièces extérieures aux pourtours des bâtiments par la présence de marges de recul suffisamment larges. En effet, comme l’indique Bentley (et al., 1985), des rez-de-chaussée ouverts ainsi que de façades actives participent à la création d’environnements vivants et variés qui favorisent la chrono-urbanité et donc, la sécurité des piétons à toutes heures. En ce qui concerne les marges de recul, certaines directions ont été mises de l'avant par le campus, mais ces contraintes ont seulement été appliquées aux nouveaux bâtiments qui prennent place au cœur du campus. Ces espaces dégagés aux pourtours des bâtiments permettent de structurer les corridors piétons du campus en plus de favoriser la continuité des activités intérieures des bâtiments vers l’extérieur et ainsi, animer davantage l’espace public, ce qui contribue au sentiment de sécurité des usagers du campus. Cependant, il est possible de voir sur la coupe de la Main Mall (B) que la distance qui sépare les bâtiments est beaucoup trop large pour favoriser l’animation et l’encadrement adéquat de l’espace public : c’est plutôt le caractère cérémoniel qui a été priorisé dans ce cas.
B Coupe de la Main Mall au coeur du campus
Entrées et placettes publiques
(1) https://www.canadianarchitect.com/features/alma-mater-and-alumni-matters/
(2) https://www.archdaily.com/343465/earth-sciences-building-perkins-will
(3) http://brettryanstudios.com/journal/2016/8/15/ams-student-nest-at-ubc
(4 )https://www.grad.ubc.ca/about-us/news/ubc-phd-career-outcomes-report-website-now-available
Étude de cas_ Gage Apartment Towers
Mise en situation
27 octobre 2013, une jeune dame s’est fait agresser au petit matin, dans le secteur de l’entrée des tours Gage Residences. Elle était la sixième et dernière d’une série de six. Nous nous sommes donc demandé pourquoi ce secteur plus qu’un autre. L’analyse qui suit mettra en lumière quelques lacunes urbaines et architecturales qui peuvent avoir contribué à rendre cet endroit moins sécuritaire une fois la nuit tombée.
Analyse
En observant les critères établis dans notre cadre théorique sur la marchabilité, l’aspect sécurité ressort comme étant primordial. Il est donc plus facile de comprendre pourquoi cet environnement, situé au coin du Student Union Boulevard et l’entrée des Gage Residences, a été la cible d’agressions. En observant l’environnement, quelques points ressortent. En premier lieu, on ne peut passer sous silence la forte présence d’artères de circulation automobile du secteur. En effet, l’entrée des Gage Residences Towers constitue également l’accès principal aux stationnements étagés, à la gauche des tours. On remarque sur la vue aérienne que malgré la signalisation au sol et sur des panneaux, le secteur semble plus favorable aux automobilistes qu’aux piétons. Il est certain que ce point se trouve à environ 500 m du cœur du campus, donc un peu hors de la zone d’analyse du présent travail. Cependant, c’est justement en augmentant un peu l’échelle d’analyse que l’on constate que certaines zones sont encore en transformation et que les politiques du campus n’y sont pas encore en application. Ces politiques, qui prévoient, entre autres, l’amélioration de l’éclairage sur le campus, nous mènent au second point d’analyse.
Effectivement, comme on peut le constater sur la vue de la rue, l’éclairage semble déficitaire en plusieurs zones et principalement dans le secteur de la placette public et de l’entrée des tours à logements. Il semblerait encore ici que la voiture soit mieux desservie par de nombreux dispositifs de lumière versus le piéton. Toujours sur la vue piétonne, nous sommes à même de constater que les rez-de-chaussée des Gage Towers sont majoritairement aveugle et que la surveillance naturelle commence uniquement au second niveau. En addition, l’autre côté de la rue est occupé par des stationnements et des bandes végétalisées, ce qui protège bien le piéton contre les véhicules circulant sur les multiples voies, mais qui ne contribue en rien à la surveillance naturelle du secteur. Fait aussi notable, les bâtiments de plus petits gabarits que l’on voit autour des tours sur la vue sont des hôtels. Ils ne sont donc pas non plus les plus grands contributeurs à la surveillance naturelle des lieux même si en théorie, ils devraient au moins contribuer un peu à la mixité des temps d’occupations du lieu, en générant des allées et venues à des heures moins régulières que les logements.